Le PS a de la chance. Les élections ont lieu en décalage avec les « affaires ». Pour Charleroi (2005), on a voté en 2009, seulement. Après Publifin et le Samu Social (2016-2017), y a eu plus de deux ans sans passage aux isoloirs régionaux. Résultat : une décrue moindre que redoutée par la présidence du PS (d’autant que les électeurs socialistes restent très fidèles – complaisants ? – envers leur parti rassurant). De 36,9% en Wallonie en 2004 à 32,8% en 2009, puis de 30,9% en 2014 à 26.2 aujourd’hui. Le PS perd à chaque fois. Son président parle malgré tout de « succès ». Et il garde son esprit dominant, sans même plus envisager de se ressourcer dans l’opposition comme on l’entendait après les scandales Agusta/Dassault du… siècle dernier. Les deux négociateurs socialistes sont hennuyers (Paul Magnette et Elio Di Rupo). Dans leurs fiefs, les scores du PS sont plus proches des 40 voire 50% que des 25. Est-ce cela qui les rend si sûrs d’eux ? Au point d’obliger le MR à attendre que le PS ait fini de jouer avec le PTB pour rejoindre une coalition de vaincus. Et au point de placer Ecolo dans une nouvelle situation inconfortable. A 26,2%, le Parti socialiste se comporte comme à 40. Faut dire qu’il dispose toujours des meilleurs experts, des meilleurs communicateurs, de relais dans tout l’appareil d’Etat et jusque dans les médias. On peut parler de cynisme, d’abus de pouvoir. Ce sont des mots. Dans les faits, le PS est une machine qui use.
Articles par :philengels
Même la viande est un objet politique
L’ex Veviba en faillite malgré son abattoir en état impeccable, modernisé avec l’argent de la Région wallonne ? Ce serait un scandale dans le scandale. Le fruit d’un pourrissement (orchestré?) de la situation, un an après l’affaire de viande avariée, le résultat d’une politisation à outrance. Le jour où les deux principaux partis concernés – le PS et le MR – engagent sans doute leurs négociations pour un gouvernement wallon. Décodage dans un long dossier publié par #Médor, ce vendredi…
Le supplice flamand
Et maintenant la poursuite du supplice chinois. Bart De Wever va inviter le Vlaams Belang à discuter, pour la constitution d’un gouvernement flamand. Cela fera peur, les caméras lui colleront aux fesses, c’est sûr, il utilisera le VB. Plusieurs jours de focus médiatique sur (et de pub gratuite pour) ces deux partis séparatistes. De quoi faire rôtir l’Open VLD et le CD&V, les anciens grands de Flandre qui perdent à chaque élection (45 sièges à deux, à la Chambre, en 1999, 30 en 2010, 24 désormais). Auprès des 45% de Flamands qui votent désormais N-VA ou VB – encore une petite impulsion populiste et ils sautent la barre des 50 -, ce sont ces deux partis giflés qui devront dire « neen » au vainqueur des élections et a priori se rendre impopulaires. En fin de compte, libéraux et chrétiens démocrates devront sans doute se résoudre à gouverner et à se fragiliser auprès de la N-VA, qui durcira sa politique de droite extrême. La N-VA dira : « Soyons fermes avec les migrants, renforçons à tout prix l’économie flamande car sinon, c’est le Vlaams Belang qui grossira encore ». Au bout du compte, Machiavel De Wever joue sur du velours. Soit il gagne tout simplement au prochain scrutin, soit il stagne mais fusionne avec l’extrême droite. En face, les « leaders » francophones restent attentistes, divisés, choqués (z’avez vu la tête de Didier Reynders et Paul Magnette, hier, pendant les discours présidentiels faussement rassurants de Charles Michel et Elio Di Rupo ?) et ils s’entre-déchireront au lendemain de ces élections qu’ils ont doublement perdues.

Nominé au… Royaume-Uni
Belle petite surprise : nominé avec David Lewis (Reuters) aux British Journalism Awards 2018. Un jury de 40 spécialistes de la presse s’est réuni pendant 2 jours. Nous sommes sélectionnés pour le prix dans la catégorie Journalisme d’affaires, économique et financier. Il y a six autres nominés, dont des journalistes du Financial Times et du Guardian.
L’article pour lequel nous concourrons est celui-ci : ‘How to make millions selling passports to Africa’. Plusieurs développements avaient été publiés en français sur le site de Médor.
Les noms des gagnants seront annoncés le 10 décembre.
Pour les plus curieux, de nombreux articles concernant la firme belge Semlex ont été publiés par Médor, en accès libre sur son site. Vous trouvez aussi pas mal d’info sur mon blog. Une grande enquête sur le boss de cette firme, Albert Karaziwan, se trouve, quant à elle, dans le numéro 10 de Médor.
Voici le lien vers le site des Journalism Awards : https://www.pressgazette.co.uk/2018-british-journalism-awa…/
Corruption au pays de l’or noir
Publication ce 7 septembre d’une enquête menée et cosignée avec Khadija Sharife, une journaliste sud-africaine. Il s’agit d’une coopération entre Médor et le consortium de journalistes Organized Crime and Corruption Reporting Project , dont Khadija est chief editor pour le continent africain. Les faits triés, analysés et mis sur la table ? Un réseau de corruption animé par une société belge, Semlex, et sévissant sur le marché du pétrole brut. Au total (connu), 48 millions de dollars ont été distribués à des dirigeants africains. Oui, 48 millions ! A qui ? Notamment à des proches de l’ancien président ivoirien Laurent Gbago et à l’actuel président du Congo-Brazzaville Denis Sassou Nguesso (cfr photo). Objectif ? Permettre au grand trader Gunvor – à l’époque, roulant pour Poutine – d’acheter du pétrole à bon prix en Afrique. La firme et d’autres se sont enrichis. Des Etats africains se sont appauvris… Pas de morale sous l’or noir.

Merci au Fonds pour le journalisme, à David Lewis, de Reuters, à Marc Guéniat et Agathe Duparc, de Public Eye, une ONG suisse qui veut moraliser la finance : y a du boulot, encore…
Le lien pour lire l’enquête en anglais : The Unlikely Partnership that Unlocked Congo’s Crude. En français, c’est chez Médor : ici.
Omerta sur le financement douteux d’un parti politique
Les langues se délient à La Louvière, un bastion du PS, à quelques mois des élections communales. A propos d’une étrange manoeuvre, il y a un peu plus de dix ans. En 2006, une petite formation politique surgit du néant pour concurrencer, sur sa gauche, le Parti socialiste. Son nom ? L’Union démocratique socialiste du Centre (UDSC), réunissant une poignée de syndicalistes. Le bourgmestre PS de l’époque, l’ancien ministre Willy Taminiaux, n’y comprend rien. Il interroge alors le Boulevard de l’Empereur et la FGTB. Ils le nient, lui qui avait réussi à éradiquer le Front national six ans plus tôt. Taminiaux, un type droit, honnête, disparaît de l’échiquier politique : l’UDSC pique deux sièges au PS et force une étrange alliance avec le MR. Pourquoi ? Bizarre, l’UDSC se revendique d’une gauche radicale et son premier apport est de se tourner vers… sa droite (exit, les centristes du CDH et le maïeur Taminiaux).
Voici l’explication, livrée dans le numéro 11 de Médor. Dans une ambiance d’omerta, plusieurs membres ou candidats de l’UDSC avouent aujourd’hui que c’est au sein de l’usine Duferco de La Louvière que le petit parti éphémère mais influent aurait été financé. Des fonds très privés qui ont permis au « géant » de l’acier de garder la cote à La Louvière, où il a été subsidié jusqu’au déraisonnable. Ces fondateurs de l’UDSC disent avoir reçu 500 euros de la main à la main et assurent que, selon le leader syndical Roger Leclercq, l’argent venait de Duferco ou de l’un de ses sous-traitants. La police financière enquête en ce moment. Elle suspecterait Leclercq et d’autres d’avoir été manipulés et rétribués pour calmer les troupes syndicales lors de la fermeture de l’usine de Duferco La Louvière. Sale affaire. Qui jette le discrédit sur la direction du syndicat FGTB, muette, et qui renforce le doute sur les dirigeants politiques (surtout PS et MR) ayant maintenu une confiance aveugle en Duferco. Qui a décampé.
Vols de câble à la SNCB : voici pourquoi
Il s’agit d’un cas de figure assez rare dans le monde des affaires. La société anonyme Cegelec et sa filiale Cegelec Infra Technics, qui ont été rebaptisées entretemps au sein de l’organigramme complexe du groupe français Vinci, ont été inculpées pour mise à disposition illégale de travailleurs et faux en écriture visant à éluder les cotisations sociales. Plusieurs chantiers mis en cause sont relatifs à la pose de conduites électriques pour le compte de la SNCB ou de la Stib.
Roi belge du Congo
Le 15 septembre 2009, un mystérieux Elephanteau d’Afrique, basé à Lubumbashi, envoie une facture discrète à la firme belge Semlex. Derrière cette société se cache Hugues Bilo, secrétaire particulier du ministre congolais des Transports. Cette facture, la voici…
S’agissait-il du droit d’entrée sollicité auprès de Semlex pour lui permettre d’arroser la République démocratique du Congo de permis de conduire, cartes d’identité ou autres passeports très coûteux ? En l’occurrence : 130.000 dollars à titre de « frais d’études pour le projet permis de conduire biométrique » et d’ « assistance dans la rédaction du contrat ».
Dans son numéro 10 qui vient de paraître, Médor raconte les prémices d’une vaste conquête du Congo et de l’Afrique, menée par Semlex et son patron culotté Albert Karaziwan. La justice belge a rouvert l’enquête (négligée) sur leurs méthodes. Objet de toutes les convoitises : le continent le plus pauvre, choisi pour un essor rapide fondé sur les « petites enveloppes » et les « civilités » offertes aux dirigeants politiques ou à leurs émissaires.
Migrants en visite
Depuis près de vingt ans, les libéraux sont au pouvoir. A l’échelon fédéral, en tout cas. Ils ont appris l’opportunisme et gommé leur « capacité » à se déchirer pour des questions de personnes (au pire) ou des principes (au mieux). Ils sont devenus les cathos du système. Toujours à bord, unis par raison, jamais déterminants. Depuis la N-VA, le MR occupe le poste de Premier ministre. Pas au nom du père, mais pour le fils Michel. Oh, il faut être sot pour le nier : le Nord du pays garde la main, plus que jamais. Les nationalistes flamands polarisent et divisent, zappent le centre, obligent à se positionner à gauche ou à droite. Forcément, à condition de digérer De Wever et Francken, les libéraux aiment ça. La Flandre, la N-VA roule à droite. Et pour Charles Michel et le MR, y a qu’à embrayer. Tapis rouge pour l’anti-gauche… A ce prix, les élections de 2019 semblaient gagnées. Mais voilà le retour des vieux démons. On le sent bien, la question des migrants va obliger les bleus à se compter, qui sait ?, à s’affronter. Pour ou contre un sursaut d’humanité. Parce qu’il a rangé ses ambitions de ministre et préféré la molle fonction de gouverneur de province, à vie et à Liège, Hervé Jamar s’autorise un brin de subversion : il a avoué que sa femme et sa fille accueillaient des migrants. « Pas moi, je ne peux faire de politique, je suis le gouverneur de tous les Liégeois », sous-entend-t-il. « Mais j’aime ça… » Un petit pas pour l’homme. Un fossé qui se creuse autour du Premier ministre.
« Solidarité » avec le Congo
En 2015-2016, le trésorier de l’ombre du président Joseph Kabila gérait en Belgique un centre «d’études et de solidarité» avec le Congo. Ceci au moment où il est suspecté de corruption et blanchiment dans le cadre d’un deal sur la vente massive de passeports, opérée par la firme belge Semlex… Perquisitions ce mercredi 17 janvier au siège ucclois de Semlex et au domicile boitsfortois de son patron-fondateur Albert Karaziwan. A lire en complet sur le site de Médor et auprès de l’agence britannique Reuters (en cosignature avec David Lewis). Il est clair que ce mystérieux trésorier – Emmanuel Adrupiako – est l’homme à suivre. Les enquêteurs belges le suspectent d’avoir blanchi de l’argent sale sur notre sol ou d’y avoir redistribué des commissions occultes. Peut-être via ce centre de « soliadrité » (sic), où se retrouvaient au moment des négociations secrètes avec Semlex sa maîtresse présumée Sadije Rugova (présidente du centre) et son porteur de valises Engo Nkanda (secrétaire du centre). Ce dernier s’était fait pincer il y a deux ans à l’aéroport de Bruxelles-National. Dans sa valise : 400.000 dollars en cash.