Enquête Soir Mag/Marianne

On peut être ministre au Congo-Brazzaville, accusé de crimes contre l’humanité, et bénéficier de la nationalité belge. Il suffit de se faire domicilier à Uccle, de s’y faire passer pour un architecte ou un cuistot, de faire croire qu’on travaille au restaurant de sa femme. Et hop, naturalisation acceptée dans le cadre du… regroupement familial ! Cela s’est passé à Uccle, en 2010. Tiens, la commune d’Armand De Decker, cumulant à l’époque le poste de bourgmestre et de ministre de la Coopération, tout en rendant quelques services à l’Elysée, semble-t-il…

Le personnage central de cette histoire à coucher debout ? Il s’agit du bras droit du président autoritaire Denis Sassou-Nguesso. Son nom est Pierre Oba. Il était ministre de l’Intérieur au moment des massacres de populations des années 1996-1999. Il est le principal accusé d’une affaire de génocide instruite en Belgique et en France. Aujourd’hui, en tant que ministre des Mines, il veille sur le réservoir sacré de cette ancienne colonie française où de nouveaux massacres sont dénoncés par les organisations de défense des droits de l’homme.

Pas touche à cet homme-clé, au nom d’une diplomatie aveugle et d’intérêts économiques supérieurs ? En cliquant ici , vous lirez un autre épisode étonnant : en janvier 2016, Pierre Oba a échappé à un mandat d’arrêt international en fuyant Paris à bord d’un « avion spécial ». Comment, pourquoi la France l’a-t-elle laissé filer ? Pas de réponse, à ce stade. Motus et bouches cousues. Nous avons vérifié : rien ne figure à ce propos dans l’épais dossier judiciaire français. Est-ce bien normal ? Voici ce qu’en pense l’avocat des victimes des massacres, Georges-Henri Beauthier. Il s’étonne du silence de Paris et de cette « étrange exfiltration« . Au micro de RFI, le porte-parole du gouvernement congolais, lui, confirme à demi-mots que la France amie a volontairement laissé s’échapper le ministre-clé. A suivre…