Dans l’enquête sur les Tueries du Brabant (1982-1985), la justice rend les armes.
Ils ne le diront pas de manière aussi cruelle pour les familles des 28 victimes des Tueries du Brabant, laissées sans réponse depuis plus de 30 ans. Mais la semaine prochaine, les magistrats en charge de l’enquête inaboutie vont annoncer qu’elle tourne décidément en rond et que le dernier espoir réside dans un aveu… inespéré.
Bref, l’enquête est terminée. Il n’y a plus que trois policiers-enquêteurs, la sixième juge d’instruction a été courageusement au bout de sa logique (repartir de zéro, démontrer qu’il y a eu manipulation dès l’origine et laisser comprendre que les tueurs étaient téléguidés par une organisation inspirée par la droite extrême et visant à semer la terreur à des fins « politiques ») et le Parquet s’apprête à reprendre et éteindre le flambeau. Dans Le Soir Mag d’aujourd’hui, vous pourrez lire l’interview d’un témoin qui a représenté l’un des deux ou trois derniers vrais espoirs des enquêteurs. A elle seule, l’histoire de ce témoin résume les raisons de l’échec. Il s’agit d’un agent recruté par la Sûreté de l’Etat, refilé aux services de renseignement de l’armée belge et travaillant en fin de compte pour la DIA américaine (l’équivalent de la CIA, mais militaire). Ceci est avéré et confirmé par son « runner » (contact) de l’époque, qui a été auditionné ! En 1984 et 1985, l’agent secret a été chargé de missions très spéciales dans les lieux où les tueurs du Brabant se réfugiaient et où l’extrême droite musclée s’entrainait. Le 27 septembre 1985, par exemple, il dit avoir été chargé d’ouvrir une route à l’aide d’un code « vert ». La route que les tueurs masqués ont pu emprunter pour fuir via l’aéroport américain de Chièvres après des braquages sanglants à Braine et Overijse. Cet agent secret était prêt à parler, en 1989. Mais on semble l’en avoir dissuadé. A l’époque, on aurait pu vérifier mieux encore. Interroger des magistrats ou gendarmes aux attitudes controversées. Poser des questions à la diplomatie américaine, chercher à entendre l’officier de la DIA dont le nom figure dans le dossier et qui est mort entretemps. De 2014 à aujourd’hui, la justice belge a cherché à récupérer le temps perdu. Elle a essayé. Enfin. Mais il était apparemment trop tard… La vérité sortira un jour, qui sait. Pour l’Histoire. Plus pour la Justice (osons le « J » majuscule).
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